Éditions du Verbe
–
En 1998, tout en animant la revue Chorus
(publiée par les Éditions du Verbe), Fred Hidalgo renoue
avec l’édition pour publier le livre-somme
de Marc Robine, Grand Jacques, Le Roman de Jacques Brel,
signé en 1988 chez « Hidalgo Éditeur », qui paraît
en coédition « Anne Carrière / Chorus ».
Puis, en 2003, il crée avec Claude Durand, président
de la Librairie Arthème-Fayard,
un « Département chanson » coédité par Chorus et Fayard,
dont il restera le directeur jusqu’en 2011.
Aznavour − Balavoine − Barbara − Brassens/Gibraltar − Brel −
Brel-Brassens-Ferré − Ferrat − Gainsbourg −
Hallyday − Moustaki − Nougaro −
Thiéfaine − Vigneault − Ouvrages thématiques
Grand Jacques
Le roman de Jacques Brel
Par Marc Robine (1998)
« Et dis-toi donc, Grand Jacques / Dis-le-toi souvent / C’est trop facile / De faire semblant… » Dès 1953, l’année de cette chanson et de sa venue à Paris, Jacques Brel savait que sa vie serait un roman. Il savait déjà qu’il ne ferait jamais semblant, qu’il ne vivrait jamais sa vie par procuration, mais qu’il irait jusqu’au bout de ses rêves, quoi qu’il en coûte. En l’espace d’un quart de siècle, il deviendra l’une des figures les plus populaires et importantes de l’histoire de la chanson, mais aussi un comédien hors pair, un navigateur et un pilote de catégorie professionnelle, avant de découvrir l’île de ses rêves tout au bout du parcours.
Le parcours d’un Don Quichotte plus vrai que nature, retracé ici comme jamais il ne l’a été, précis et sans complaisance, de sa plus tendre enfance à son dernier salut, vaincu « face au cancer / Par arrêt de l’arbitre ». Le roman de Jacques Brel raconté tout entier, au terme de dix ans d’enquête scrupuleuse, par l’un des spécialistes les plus réputés de la chanson française. Fervent admirateur du chanteur, Marc Robine a suivi pas à pas les traces de cet homme étonnant qui a vécu aussi vite qu’il a cessé de chanter, de sa maison natale de Schaerbeek à celle des Marquises ; recueillant des dizaines de témoignages essentiels, dépouillant des masses de documents et fouillant inlassablement son œuvre pour en analyser les thèmes récurrents, les contradictions ou les aspects autobiographiques.
Au final, Grand Jacques est le portrait le plus juste et complet, sans aucune zone d’ombre, que l’on ait brossé de ce personnage hors du commun. Un bilan et une somme à la fois, où la discographie elle-même n’avait jamais été reconstituée aussi minutieusement. Cet ouvrage a obtenu le Prix de l’Académie Charles-Cros.
L’AUTEUR
Disparu en août 2003, Marc Robine était une personnalité essentielle du monde de la chanson. Chanteur lui-même, historien, journaliste (à Paroles et Musique dans les années 1980 et ensuite à Chorus), il était aussi l’auteur de plusieurs biographies d’artistes (Brassens, Cabrel, Clerc, Renaud…) et ouvrages de référence, dont l’Anthologie de la chanson traditionnelle (Prix de l’Académie Charles-Cros 1995).
* * *
**
Département chanson Chorus-Fayard
(biographies classées par ordre alphabétique)
Charles Aznavour
ou le destin apprivoisé
Par Daniel Pantchenko et Marc Robine (2006)
Charles Aznavour est le chanteur français vivant le plus connu dans le monde, qu’il a sillonné d’Ouest en Est, du Nord au Sud. Fils d’émigrés arméniens, débutant à neuf ans au théâtre, à douze au cinéma, c’est finalement dans la chanson qu’il deviendra une star inégalée. Après s’être produit huit ans en duo (avec Pierre Roche), il repart en solo en 1950. Reconnu très vite comme auteur-compositeur, il lui faudra un professionnalisme, un courage et une volonté de fer pour s’imposer comme interprète avec son physique et sa voix hors normes. Dès les années 60, il sera à l’apogée de son talent avec des succès inoubliables (de Je m’voyais déjà à Tu t’laisses aller, La Mamma, La Bohème, Que c’est triste Venise…) où l’amour au quotidien occupe une place de choix. Par la suite, son implication humanitaire (notamment pour l’Arménie) ajoutée à son talent, l’a placé sur une orbite définitive qui l’a rendu « incontournable », en faisant de lui l’une des personnalités les plus aimées des Français.
Hormis la monographie parue chez Seghers en 1964, dans la collection Poètes d’aujourd’hui, Charles Aznavour n’avait jamais accepté de participer à une biographie le concernant. Il s’est sans réserve confié ici (tant au sujet de Piaf chez qui il a longtemps habité, du résistant Manouchian ami de ses parents, de la chanson et du « métier », que de l’Arménie et d’autres sujets éminemment actuels…), au fil des près de cinquante chapitres qui retracent avec précision toute sa carrière, en la situant en permanence dans une perspective historique, et en accordant une place centrale à l’analyse sensible de ses chansons. L’ensemble étant éclairé par de nombreux témoignages exclusifs de ses proches (dont sa fille Katia) et d’artistes (Patrick Bruel, Patachou, Annie Cordy, Fred Mella, Serge Lama, Lynda Lemay…). Au final, cet ouvrage (avec des annexes comprenant contributions d’artistes, filmographie et discographie exhaustives) pourrait bien constituer LA bio de référence de Charles Aznavour.
LES AUTEURS
Spécialiste de la chanson française, longtemps titulaire de la rubrique chanson à L’Humanité et l’un des principaux journalistes de Chorus, Daniel Pantchenko a repris et mené à terme un manuscrit qu’avait commencé à écrire Marc Robine (Grand Jacques, le Roman de Jacques Brel chez Anne Carrière/Chorus, Il était une fois la chanson française chez Fayard/Chorus), disparu en août 2003.
Le Roman de Daniel Balavoine
Par Didier Varrod (2006)
Lui qui avait écrit Je ne suis pas un héros pour Johnny Hallyday, avant de finir par reprendre cette chanson à son compte, fut pourtant bel et bien un héros. Et sa vie un vrai roman, dont le dernier chapitre se referma aussi brutalement que prématurément. Mort à 33 ans dans l’accident d’hélicoptère qui coûta aussi la vie à Thierry Sabine, fondateur du Paris-Dakar, Daniel Balavoine avait mis toute son énergie au service de l’Afrique et de son « Pari du Cœur », juste après avoir été le parrain des « Restos du Cœur », à la demande de son pote Coluche… qui, six mois plus tard, allait lui aussi disparaître dans un accident.
Victime de son grand coeur et de sa fougue, Daniel Balavoine était un modèle de courage et d’intégrité. Une grande gueule aussi, qui chantait aigu et parlait fort. Chanteur sans frontières, homme de passion, porte-parole des sans-voix et symbole de fraternité, il demeure à jamais l’une des figures marquantes des années 1980. Depuis sa disparition, le 14 janvier 1986, les décennies passent mais ses chansons restent très présentes, alors que sa légende est en marche.
Pour raconter ce destin tragique, sa vie et son œuvre, le journaliste Didier Varrod qui avait tissé des liens assez rares avec l’artiste (les deux hommes s’étaient d’ailleurs donné à nouveau rendez-vous au retour de Daniel du Paris-Dakar… ) a décidé de laisser parler son cœur. Avec ses mots mais aussi et surtout ceux du chanteur, puisqu’on pourra retrouver dans cet ouvrage ses principales interventions télévisées (face à François Mitterrand, sa sortie sur les anciens combattants…) ainsi que la totalité des interviews qu’il avait accordées à Varrod au long de trois années de rencontres régulières.
Particulièrement émouvant dans le fond, Le Roman de Daniel Balavoine est dans la forme un ouvrage d’une conception originale, où la narration et le témoignage sont étroitement mêlés. Un livre différent, d’où se dégage d’une manière impressionniste un portrait juste et authentique de l’auteur de Sauver l’amour. Un livre différent comme l’était Balavoine lui-même qui, sans souci des retombées éventuelles sur sa carrière, vivait à fond ses passions, ses révoltes, et disait : « Je m’emporte pour ce qui m’importe… »
L’AUTEUR
Producteur et animateur sur France Inter, Didier Varrod a signé sur France 3 des portraits de chanteurs (France Gall, Renaud, Julien Clerc, Véronique Sanson, Yannick Noah, Olivia Ruiz…). Il a aussi publié plusieurs ouvrages sur la chanson, dont Goldman, portrait non conforme (1987), Histoires de chansons (1988), La Douceur du danger, avec Véronique Sanson (2005)…
Barbara
Portrait en clair-obscur
Par Valérie Lehoux (2007)
Elle est l’une des artistes les plus marquantes de la chanson, référence toujours actuelle pour Zazie, Delerm, Carla Bruni, Calogero, Sandrine Kiberlain et tant d’autres… Qu’avait donc Barbara de si particulier pour continuer de fasciner et d’intriguer autant ? On évoque sans cesse son « mystère »… Ce livre, fruit de plusieurs années d’enquête, parvient à nous la dévoiler.
Pour la première fois, des proches de Barbara, qui avaient toujours refusé de parler, ont accepté de la raconter. Depuis la Géorgie, une pianiste se rappelle ses débuts sur scène, dans une « laiterie » de Bruxelles. Entre deux avions, un homme se remémore ses concerts d’Abidjan, sous l’œil bienveillant d’un tenancier armé. Dans la discrétion, un vieil ami raconte qu’elle fut un jour prise de panique, en pleine rue, parce qu’elle pensait y avoir vu son père.
Pour la première fois aussi, ce livre remet en perspective les écrits de Barbara, publiés ou non. S’en dégage un portrait vivant et bouleversant d’une très grande blessée, dont la vie tout entière fut guidée par l’obsession de chanter. Et le fameux « mystère » finit par s’estomper.
L’AUTEUR
Valérie Lehoux est journaliste à Radio France Internationale et à Télérama, après avoir débuté dans le journalisme au début des années 1990 à la revue Chorus. Elle est aussi l’auteure d’un site Internet sur Barbara réalisé pour le Centre national du patrimoine de la chanson.
Brassens, Brel, Ferré
Trois hommes dans un salon
Par François-René Cristiani et Jean-Pierre Leloir (2003)
Depuis que la photo de ce trio d’Immortels a fait le tour du monde, leurs noms sont devenus in-sé-pa-ra-bles. Pourtant, jamais ils n’avaient été réunis, et jamais plus ils ne se rencontreront. Une exception donc, et pleinement culturelle, que ce mini-sommet parisien de janvier 1969, à l’occasion d’une interview exclusive à trois voix. Le magnétophone de François-René Cristiani, le journaliste à qui l’on doit ce tour de force, a tout consigné. Le 6×6 de Jean-Pierre Leloir a fixé chaque expression, et tous les éclats de rire.
C’est la restitution intégrale – paroles et images – de ce fraternel et décapant moment d’anthologie que propose, pour la toute première fois, cet ouvrage. Complétée d’une mise en situation de ces années de libération du verbe, et d’éclaircissements inédits sur la « genèse » de l’unique rencontre de Georges Brassens, Jacques Brel et Léo Ferré.
LES AUTEURS
Après Jazz-Hot et Rock & Folk, François-René Cristiani a notamment travaillé à RTL, au Nouvel Observateur, à Que Choisir ? et à Radio France (responsable du service politique à la rédaction de France Culture / France Musiques).
Jean-Pierre Leloir n’est pas l’homme d’une seule photo ! Abonné au jazz, cofondateur de Rock & Folk, puis membre du comité de rédaction de Paroles et Musique, il règne sur un demi-siècle d’éclectisme photographique. De Piaf à Billie Holiday, de Miles Davis à Barbara, de Louis Armstrong à Mick Jagger, de Jimi Hendricks à Jacques Brel…
Brassens
Le regard de « Gibraltar »
Par Jacques Vassal (2007)
Ce livre est un événement. Dans la longue liste de livres consacrés à Georges Brassens (biographies, essais, albums illustrés, témoignages), il restait un ouvrage à écrire, un seul, mais fondamental. Celui qui révèle Brassens au plus vrai, à travers le regard de « Gibraltar », alias Pierre Onténiente, qui aura été non seulement, de tous les proches de l’artiste, l’ami par excellence, mais aussi le « copain d’abord », celui qui ne l’a jamais quitté d’une semelle du jour où ils se sont connus, en 1943, au camp de Basdorf en Allemagne (où les deux hommes avaient été enrôlés dans le service du travail obligatoire), jusqu’à celui de la mort de Brassens, le 29 octobre 1981. Et même au-delà, puisque Pierre Onténiente a continué d’assurer une sorte de présence, de mémoire vivante de l’artiste.
Jusqu’ici, par discrétion et modestie, « Gibraltar » n’avait témoigné que de manière fragmentaire et occasionnelle, d’un livre ou d’un journal à l’autre. Cette fois, vingt-cinq ans après la mort de son ami, il a fini par accepter de livrer « son » Brassens, un Brassens familier voire intime, que l’on découvre ou redécouvre, de Sète à Basdorf, de l’anonymat à la célébrité, de l’Olympia à Bobino. Son secrétaire assiste en témoin privilégié à la naissance de ses chansons, l’accompagne en tournée, conduit sa voiture, répond au courrier et au téléphone, gère ses éditions, bref le décharge des soucis pratiques et aide ainsi à la création d’une œuvre considérable.
Jacques Vassal, qui a recueilli ce témoignage, replace chaque anecdote, chaque souvenir dans le contexte de la carrière du chanteur, et celle-ci dans l’Histoire tout court. Le livre comporte aussi une série de documents inédits prêtés par « Gibraltar », complétant le caractère de référence de cette captivante lecture.
L’AUTEUR
Spécialiste éminent de la chanson française (auteur notamment de biographies de Brassens, de Brel et de Ferré – qu’il a rencontré tous trois), mais aussi de la chanson américaine (entre autres traducteur de Bob Dylan, de Leonard Cohen et de Woody Guthrie), Jacques Vassal a successivement travaillé à Rock et Folk de 1967 à 1985, à Paroles et Musique dans les années 1980 et à Chorus jusqu’en 2009.
Jean Ferrat
« Je ne chante pas pour passer le temps »
Par Daniel Pantchenko (2010)
La mort de Jean Ferrat, le 13 mars 2010, a bouleversé la France. L’émotion populaire a salué l’artiste et l’homme. Cette biographie, qui aura nécessité plus de deux ans de travail, montre la cohérence profonde d’une carrière, d’une œuvre et d’une vie, en s’attachant à donner la parole à celui qui restera, après Brassens, Brel et Ferré, l’un des derniers « grands » de la chanson française et son défenseur inlassable. En contrepoint, différentes personnalités ont apporté leurs témoignages, souvent inédits.
Richement documenté, conjuguant l’Histoire de notre pays et l’histoire d’un homme, cet ouvrage raconte comment le petit Jean Tenenbaum, marqué par la mort de son père en déportation, deviendra Jean Ferrat, mélodiste hors pair, chanteur à la superbe voix grave, ambassadeur populaire de la poésie d’Aragon (Que serais-je sans toi, Aimer à perdre la raison…). Son écriture y est mise en perspective, entre espoir et combat viscéral contre toutes les oppressions, au fil du parcours de cet amoureux de la vie, « romantique et rebelle » constamment censuré (Nuit et brouillard, Potemkine, Ma France…), qui n’aura jamais cédé un pouce de son intégrité à qui que ce soit (Camarade, Le Bilan…) et qui repose aujourd’hui à Antraigues, sa commune adoptive d’Ardèche. C’est là qu’il écrivit La Montagne, chanson emblématique d’un être droit, authentique, sincère, d’un humaniste farouche qui nous a quittés à 79 ans mais restera à jamais dans la mémoire collective.
L’AUTEUR
Spécialiste de la chanson française, longtemps titulaire de la rubrique « chanson » à L’Humanité et l’un des principaux journalistes de la défunte revue Chorus, Daniel Pantchenko a rencontré et interviewé Jean Ferrat à de nombreuses reprises. En 2006, il a publié dans cette même collection (en collaboration avec Marc Robine), Charles Aznavour ou Le Destin apprivoisé, biographie considérée comme une référence.
Serge Gainsbourg en dix leçons
Par Bertrand Dicale (2009)
Ouvrage où l’on trouve l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur l’auteur de La Javanaise, sans être pour autant une biographie ni une exégèse, ce Gainsbourg en dix leçons de Bertrand Dicale réussit à montrer comment Serge Gainsbourg s’est imposé comme une référence majeure de la culture européenne contemporaine. Dix leçons qui replacent l’homme, la carrière et l’œuvre dans leur époque, dans leur logique secrète, dans leur flamboyance unique. Dix leçons qui ont pour titres Différer, Décevoir, Échouer, Vendre, Choquer, Persévérer, Triompher, S’éparpiller, Durer et Mourir.
Bertrand Dicale a porté un regard neuf sur le plus actuel des grands maîtres de la chanson française : génie ? caméléon ? opportuniste ? dandy ? précurseur ? touche à tout ? imposteur ? révolutionnaire ? Comment donc qualifier l’auteur-compositeur nourri de musique classique qui écrivit La Chanson de Prévert en même temps que le provocateur mal rasé alignant les tubes funk salaces ? Comment cet ancien pianiste de bar sans envergure a-t-il lentement mûri puis affirmé son écriture, oscillant entre intransigeance artistique et ambition commerciale, exigences d’avant-garde et séduction de masse ?
Autant de questions auxquelles s’attache à répondre ce livre d’une façon inédite et informative à la fois, complété d’articles et de documents rares en « annexes » de chaque chapitre. Un ouvrage que l’intéressé, il est permis de le penser, aurait peut-être bien qualifié de « classieux »…
L’AUTEUR
Spécialiste de la chanson et des musiques populaires, Bertrand Dicale leur a consacré de nombreux articles (notamment au Figaro puis à Chorus dont il était un collaborateur régulier jusqu’en 2009), et interventions radiophoniques. Il est aussi l’auteur de plusieurs biographies (de Juliette Gréco en particulier) et tient aujourd’hui une chronique sur l’histoire des chansons à France Info.
Johnny Hallyday
Histoire d’une vie
Par Jean-Dominique Brierre et Mathieu Fantoni (2009)
Paru initialement en 1990 (chez Hidalgo Éditeur / Fixot), Johnny Hallyday, histoire d’une vie est considéré comme l’un des ouvrages de référence sur le chanteur français le plus populaire depuis près de cinq décennies. Il aura fallu plus de trois ans d’enquête aux auteurs pour donner un éclairage inédit de cet artiste à la personnalité complexe, secrète et attachante, notamment en retraçant son enfance marquée par l’absence du père.
Cette nouvelle édition, révisée et actualisée, s’est enrichie de plusieurs nouveaux chapitres, les deux derniers couvrant la période 2000-2009. On y découvre un sexagénaire apaisé (peut-être seulement en apparence), qui, tout en restant fidèle à son personnage un peu destroy, a su trouver dans sa vie, tant affective que professionnelle, une stabilité qu’on ne lui connaissait pas.
Ainsi l’homme aux mille conquêtes féminines a-t-il fêté en 2006 le dixième anniversaire de son mariage avec Laeticia, le couple ayant adopté deux ans plus tôt la petite Jade. De la même manière, le rocker qui dépensait sans compter est-il devenu ces dernières années un homme d’affaires avisé à la tête d’un patrimoine impressionnant. Pour redevenir maître de son destin artistique, il aura dû auparavant rompre avec sa maison de disques, la même depuis quarante ans, à la suite d’un long procès. Les années 2000 furent aussi pour Johnny placées sous le signe du deuil, puisqu’elles le virent perdre des amis proches (comme le chanteur Carlos) ainsi que sa mère Huguette, dont ce livre contient le témoignage exclusif.
LES AUTEURS
Journaliste et ancien collaborateur de Paroles et Musique, historien de la musique, Jean-Dominique Brierre est l’auteur de biographies sur Barbara, Jean Ferrat, Édith Piaf et Serge Reggiani. Il a également écrit un portrait de l’acteur Fabrice Luchini. Journaliste d’investigation reconnu, Mathieu Fantoni est décédé en février 2006.
Georges Moustaki
La Ballade du métèque
Par Louis-Jean Calvet (2005)
On ne le sait pas en France, ou on ne le dit pas, mais Georges Moustaki est aujourd’hui le chanteur français qui se produit le plus souvent à l’étranger. On le croit à la retraite ou au soleil, il n’arrête pas de chanter, du Japon à l’Espagne, de l’Allemagne à l’Egypte, du Canada à la Russie. Il n’arrête pas non plus de composer, d’enregistrer, mais aussi de peindre, d’écrire, d’apprendre des langues ou des instruments de musique.
Moustaki c’est bien sûr Milord, dont Edith Piaf a fait un succès, Sarah que Serge Reggiani détaillait comme une petite pièce de théâtre, La Longue Dame brune (chantée en duo avec Barbara) et puis Le Métèque qui le rendit célèbre. Mais c’est aussi Ma liberté, Votre fille a vingt ans, Ma solitude, Le Facteur, Joseph, Sans la nommer… des dizaines de chansons qui sont autant de standards.
Louis-Jean Calvet est remonté aux origines, à cette ville mythique d’Alexandrie où Moustaki est né, pour suivre ensuite les fils des influences, des amitiés, des rencontres : le cours d’une vie. Mais ce livre est plus qu’une biographie : il analyse l’œuvre, les musiques, il fait parler les témoins (dont le principal intéressé), il est à l’écoute des hésitations, des choix de vie, des engagements…
On avait jusqu’ici publié quelques souvenirs, parfois romancés, de l’auteur du Métèque ; voici sa première biographie, vivante, éclairante, faite de sympathie qui n’exclut pas le regard critique.
L’AUTEUR
Professeur de linguistique à l’université de Provence, Louis-Jean Calvet a écrit de nombreux ouvrages sur les langues et la société ainsi que la chanson (Cent ans de chanson française, 1972; Chanson et société, 1980). Il est également l’auteur de biographies (Roland Barthes, Georges Brassens et Léo Ferré).
Claude Nougaro
« Balades en Nougarie »
• Nougaro, La Voix royale
• Nougaro, L’Homme aux semelles de swing
Par Christian Laborde (2004)
Projet d’édition préalablement soumis à l’artiste, ces « Balades en Nougarie » ont été suivies par celui-ci tout au long de leur élaboration, l’auteur assistant pour sa part, en direct, au processus d’enregistrement du dernier album de Claude Nougaro, La Note bleue (qui paraîtrait de façon posthume sis mois après sa disparition, le 4 mars 2004). D’accord avec lui, il s’agissait de réactualiser la première version de La Voix royale publiée en 1989 chez Hidalgo Éditeur, l’année où Claude Nougaro (après la sortie de Nougayork et de Pacifique) avait obtenu la Victoire de la Musique du meilleur artiste. Revue, corrigée et complétée donc jusqu’au 31 décembre 2003, précisément, cette version définitive a pu être lue par son « héros »…
Et si La Voix royale est une étude biographique que l’on peut qualifier d’impressionniste, L’Homme aux semelles de swing (réédition là aussi revue et corrigée du livre initialement paru à Toulouse en 1984) constitue une somme revendiquée de « menteries biographiques ». Mais ensemble, ces deux textes de Christian Laborde, ex-professeur de lettres devenu écrivain (dont Nougaro disait qu’il était son « frère de race mentale, […] un homme qui parle une langue de couleurs à délivrer les grands baisers de l’âme »), forment aujourd’hui la plus authentique qui soit des « Balades en Nougarie » – sous-titre générique de ces deux ouvrages illustrés en couverture de photos de 1965 et 1985 respectivement (format poche).
Hubert-Félix Thiéfaine
Jours d’orage
Par Jean Théfaine (2005 puis 2011)
Hubert-Félix Thiéfaine, HFT pour ses fidèles, est le plus célèbre « inconnu » de la chanson française. L’exemple même de l’artiste qui s’est imposé sur la durée, en dépit de l’assourdissant silence des médias, télévisés notamment, qui l’ont toujours trouvé trop décalé. L’artiste il est vrai, n’est pas formaté. À cent lieues des clichés d’usage, son écriture flirte avec le surréalisme, fouille les plaies d’enfance, renvoie l’homme à son absurdité, tempête contre un monde désespérément bancal, balance entre dérision vitale et colère inextinguible. Musicalement, c’est le rock qui habille le plus souvent les noires humeurs du poète électrique. Un cocktail détonant qui, depuis plus de trente ans, a conquis des légions de fans.
La première édition de cette première biographie de Thiéfaine (depuis la monographie de 1988 signée Pascale Bigot dans la collection « Poésie et Chansons » de Seghers, déjà sous la direction de Fred Hidalgo) est parue fin 2005 : « la chronique des jours d’orage d’un inconsolable rebelle qui aime Léo Ferré, Bob Dylan, les Rolling Stones, la littérature américaine, les alcools blancs, les piments rouges et le silence des forêts ». Elle s’imposa très vite comme une référence. Cinq ans plus tard, cette nouvelle édition a été très largement complétée et enrichie de nombreux témoignages complémentaires.
À cette occasion, Hubert-Félix Thiéfaine avait renouvelé sa confiance à son quasi homonyme, Jean Théfaine : Thiéfaine par Théfaine ! Le résultat jette une lumière encore plus précise sur la plus mystérieuse icône de la chanson française : un électron libre sans véritable descendance, mais dont l’importance est de plus en plus revendiquée par les nouvelles générations d’artistes francophones.
L’AUTEUR
Longtemps journaliste culturel au quotidien Ouest-France, et membre du comité de rédaction de la revue Chorus de sa création en 1992 jusqu’en 2009, Jean Théfaine était considéré comme une référence en matière de chanson française, de rock, de musiques africaines et du monde. Il est décédé en août 2012.
Gilles Vigneault de Natashquan
Par Marc Legras (2008)
Des arpents de neige de son enfance tout en haut de la côte nord du Québec, Gilles Vigneault – considéré dans cette oasis francophone d’Amérique du Nord comme le « chantre du pays » – a fait un univers, et des personnages qu’il y côtoie, « les gens de son pays ». Du village natal, Natashquan, au séminaire de Rimouski, sur l’autre rive du Saint-Laurent, puis à Québec avec son université et les « boîtes à chanson » du début des années 1960, le récit de Marc Legras emprunte les pas, la trace du chanteur, le suit au fur et à mesure que se déploie son œuvre et que s’accroît sa notoriété. Avec, en filigrane, l’affirmation de l’identité des Québécois… Et en contrepoint du récit : Natashquan et l’œuvre écrite de Gilles Vigneault par le biais de poèmes, contes et réflexions suggérés par l’époque ou le quotidien – la part souvent ignorée ou méconnue de l’artiste.
Natashquan, mot magique pour les familiers des chansons de Gilles Vigneault, reste sa source et son point d’ancrage. Il y fête en 2008 ses quatre fois vingt ans, alors que la ville de Québec, elle, célèbre son quatre centième anniversaire.
L’AUTEUR
Journaliste durant plus de vingt-cinq ans à France 2, entre autres comme responsable d’édition du JT, Marc Legras a présenté plusieurs centaines d’émissions de radio sur la chanson à France Musique et France culture, publié plusieurs livres sur la chanson et collaboré au mensuel Paroles et Musique de 1980 à 1990, puis à la revue Chorus, jusqu’en 2009, dont il était membre du comité de rédaction.
Ouvrages thématiques
Il était une fois la chanson française
Des origines à nos jours
Par Marc Robine (2004)
Avant-propos et postface de Fred Hidalgo
De Chrétien de Troyes, le premier trouvère connu, à Alain Souchon, l’auteur contemporain sans doute le plus novateur, toute l’histoire de la chanson française est marquée par le sentiment diffus d’une certaine prééminence des paroles sur la musique (ce qu’un musicien aussi accompli que Serge Gainsbourg a confirmé implicitement en parlant de « La Chanson de Prévert », plutôt que de Prévert… et Kosma). C’est en partant de ce constat, qui différencie d’ailleurs principalement la chanson française de toutes les autres, que Marc Robine a retracé son histoire : celle d’un art millénaire qui s’avère, quelle que soit l’époque concernée, le reflet le plus fidèle de l’air du temps.
L’AUTEUR
Disparu en août 2003, Marc Robine était une personnalité essentielle du monde de la chanson. Chanteur lui-même, auteur-compositeur, historien, directeur artistique, journaliste (à Paroles et Musique dans les années 1980 puis à Chorus dont il était membre du comité de rédaction), il était aussi l’auteur de plusieurs biographies d’artistes et ouvrages de référence, dont L’Anthologie de la chanson française traditionnelle et Grand Jacques, le roman de Jacques Brel, tous deux distingués par l’Académie Charles-Cros.
Le Monde et cætera
Chroniques 1992-2005
Par Yves Simon (2006)
De décembre 1992 à décembre 2005, Yves Simon a écrit sans discontinuer une chronique trimestrielle pour la revue Chorus. Jusqu’à l’an 2000, ces chroniques se sont appelées « Chroniques fin de siècle », puis, après ce cap, « Chroniques de l’an I, Chroniques de l’an II… » Lechanteur-écrivain y parlait de musique et de cinéma, mais aussi de politique, de romans, de la guerre, et surtout de l’air du temps, « tellement difficile à cerner lorsque l’on se sent immergé dans un quotidien effervescent ». Reprenant ces chroniques, ce livre qui s’étale donc sur treize années, à cheval sur deux millénaires, revisite nos affects, nos colères, nos élans, ce qui fit battre nos cœurs.
Un monde ancien s’est étiolé sous nos regards tout au long des années 1990. Fin d’un siècle, début d’un autre, une guerre en Yougoslavie, une autre en Irak nous auront accompagnés, comme deux hommes, Jean-Paul II et Nelson Mandela, nos contemporains capitaux, qui auront traversé en même temps que nous le millénaire. En ces années-là, André Malraux et Alexandre Dumas furent accueillis au Panthéon, quand d’autres morts nous manquèrent, François Mitterrand et Léo Ferré, alors que Fidel Castro restait assis sur son trône de dictateur.
Le 11 septembre a cueilli l’Amérique et nous fit envisager autrement le monde. Trois fléaux n’auront pas rendu les armes : le Sida, le chômage et sa conséquence, l’extrême pauvreté. Au long de ces chroniques, on assiste à la montée en puissance du libéralisme, de « l’ensauvagement », de la mondialisation, alors qu’une mélancolie française s’installa dans nos âmes – surprise amère – quand Le Pen s’invita au second tour de l’élection présidentielle de 2002 ! Et l’Europe ? Autre déception, après l’espoir qu’elle fit naître durant plusieurs décennies : le non à sa Constitution. Mais il y eut des raisons de se réjouir, comme de fêter dans l’ivresse la coupe du monde de foot et se retrouver à un million sur les Champs-Élysées pour exulter, d’assister au Médée d’Avignon avec Isabelle Huppert, de voir le prix Nobel de la Paix attribué à la Birmane Aung San Suu Kyi…
Le Monde et cætera, explique l’auteur, « permet de se remémorer notre histoire récente et de remettre de l’ordre dans nos souvenirs. C’est un parcours générationnel pour ceux qui, comme moi, se sont passionnés pour les fractures du monde et comment, sous nos yeux ébahis, il se transforma, emportant parfois des rêves et quelques utopies. Ce journal émotionnel ressemble à un agenda où seraient consignés nos fureurs de vivre, comme notre souci de comprendre ce qui nous a tant étreint au cours de ces années passées ensemble ».
L’AUTEUR
Yves Simon est auteur, compositeur et écrivain. Il fut couronné par le Prix des libraires (1988) pour Le Voyageur magnifique et par le Prix Médicis (1991) pour La Dérive des sentiments. il a obtenu le Grand Prix Chanson de l’Académie Française en 1997. Il a été chroniqueur de Chorus entre décembre 1992 et juin 2007.
Vivre et chanter en France
(De la Libération à aujourd’hui)
Tome 1 : 1945-1980 – Tome 2 : 1945-1980
Par Serge Dillaz (2005 puis 2007)
L’Histoire de la France contemporaine comme on ne l’a jamais lue ou étudiée : par les chansons. Ouvrage sans précédent dans l’édition, Vivre et chanter en France nous raconte en effet pour la première fois le quotidien des Français, de la Libération à aujourd’hui, à travers les formes et genres musicaux les plus divers d’une chanson aussi multiple que la société dont elle est à la fois acteur et témoin. Culture et mode de vie, économie et politique, religion et faits divers, sport et loisirs…
Le premier tome retrace les grandes étapes des années 1945-1980 : celles de la reconstruction, de l’euphorie de la croissance ; celles aussi des chocs pétroliers et de la désillusion. Le second tome qui débute en 1981 aborde tous les sujets de société, de la liesse accompagnant l’élection de François Mitterrand au désarroi du chômage, de l’émancipation des femmes aux divers scandales (sang contaminé, « affaires » diverses), des mobilisations antiracistes aux élans de solidarité des Restos du Cœur, des ravages du sida aux guerres du Golfe. Ce faisant, Vivre et chanter en France montre que la chanson, qui accompagne voire précède les courants d’idées, est bel et bien le reflet de la sensibilité nationale ; ses refrains et couplets constituant le meilleur des témoignages de notre mémoire collective.
Ceux qui ont vécu ces moments se les remémoreront, à la lecture, en chantonnant sur les mots cités ; les plus jeunes découvriront que les aînés des chanteurs qui les enthousiasment (ce sont parfois les mêmes) ont eu eux aussi des engagements ou, plus modestement, ont respiré et exhalé le même air que leurs concitoyens. Et ils prendront ainsi connaissance de ce qu’écoutaient leurs parents au moment de leur naissance…
L’AUTEUR
Membre du comité de rédaction de Chorus depuis sa création (il y tenait notamment la rubrique Livres), historien et archiviste de formation, Serge Dillaz est également l’auteur (entre autres) de La Chanson française de contestation (Seghers, 1973) et de La Chanson française sous la Troisième République (Tallandier, 1991), ouvrages de référence sur l’histoire et la sociologie chansonnières.